Mardi midi

Maria rit et le remercia de son commentaire, sachant que son handicap était souvent pris en pitié pour certaine choses ou que son avantage financier était connu. Soit l'homme la prenait en pitié, soit il connaissait sa situation financière ou tout simplement les deux. De toute manière, elle s'en fichait; l'important était qu'elle n'avait pas de problèmes!

"Il a peut-être connu mes parents ou il s'est aperçu que j'avais raison et qu'il n'avait aucune chance de trouver un argument potable. Je suis bonne à l'école, donc j'ai des sources, disons."

Elle commença à marcher lentement, prenant son temps. Elle se demandait si Ryuzaki allait vraiment la suivre, ce qui ne lui dérangeait pas du tout. Pourtant, elle se demandait si, en même temps, c'était une bonne idée; certains élèvent tombaient sous sa richesse. Au moins elle ne parlait pas aux gens populaire, ce qui l'arrangeait sur ce point...

Maria ne fit aucun commentaire sur ce qu'avait dit Ryuzaki, incertaine de comment réagir face à un excès de colère soudain. Donc, laissant à moitié son chien la traîner, elle se rendit à sa chambre, qui n'était pas reliée aux autres. Il fallait emprunter le couloir menant aux dortoirs des professeurs et bifurquer dans un autre couloir tout de suite après. La deuxième porte la plus près des couloirs normaux fut celle où s'arrêta Maria. Elle se retourna et sourit à son compagnon, mettant sans aucun problème sa clef dans la serrure, sans regarder ni tâter celle-ci!

"Bon, me voilà saine et sauve à ma chambre. Je vais aller préparer mes effets scolaires pour mon prochain cours... Tu veux entrer?"

Ouvrant la porte sur une chambre très moderne et trop bien rangée pour une adolescente de quinze ans, la jeune aveugle attendit la réponse de "L" une fois entrée dans sa chambre, la main toujours sur la poignée, tandis que Mirlo s'installait confortablement dans un énorme lit pour chien! La chambre de Maria Amon avait toutes la machinerie haut de gamme et de dernier cri; nouvel ordinateur de l'année, dernier modèle sorti; ordinateur portatif de dernier cri, énorme et qui semblait très léger malgré sa grosseur; télévision énorme à écran plat attachée au mur, comme si elle flottait -c'est mentionné qu'elle est neuve?-; système de son énorme, dernier modèle; machine portative typographique qui ne semble pas avoir de touches normales... Bref, la chambre de rêve d'un adolescent!

Maria avait commencé à ranger la machine à écrire portative pour aveugle dans un autre sac à main qu'elle avait trouvé dans son garde robe gigantesque. Elle appela Mirlo à ses pieds juste après que Ryuzaki ait finit de parler et ne se retourna pas tout de suite vers puisque son chien-guide arrivait près d'elle. Elle enleva son vêtement de guide -incluant la poignée guide- et le chien, comme devenu un tout autre animal, se rua sur le jeune homme et lui sauta dessus, léchant sa figure comme un forcené! La jeune aveugle ne fit que rire et ne dit rien de plus, se disant qu'ils étaient tous deux assez grands et matures pour arrêter eux-mêmes!

"La télévision? Tu n'aurais sûrement pas dit cette question si elle avait été de taille normale et moins dispendieuse... Mais c'est pas grave, la question ne m'indispose pas, j'y suis habituée. J'écoute la télévision quand je n'ai rien à faire; puisque les journaux ne se font pas en braille, je dois écouter la télévision pour me renseigner des nouvelles... Ou aller à l'ordinateur, mais c'est moins compliquer de tout simplement peser sur un bouton! Bon... Mes parents ont insisté qu'elle soit disproportionnée et haut de gamme... Comme le reste de mes chambres."

Elle haussa les épaules pendant son discours, écoutant le combat entre "L" et son propre chien guide qui était devenu comme un petit chiot surexcité!

Maria souriait; elle aimait voir son chien s'amuser avec des gens puisqu'avec elle il devait faire du boulot plus que d'avoir du plaisir comme un chien devrait normalement avoir. Quand Ryuzaki posa sa question, son sourire s'estompa un peu, plutôt parce qu'elle pensait à ses parents que parce que la question l'embêtait, mais ça, le petit japonais ne pouvait le savoir!

"Mon père place des actions un peu partout dans la bourse; il est un actionnaire principal de la compagnie Microsoft... Rien de très intéressant. Ma mère, elle, est une entraîneur minceur pour des vedettes en même temps d'être agent immobilier dans les grosses villes... Elle est son propre patron dans les deux domaines. Disons qu'elle a ses propres compagnie, même si elle est la seule employée."

Son regard était devenu neutre, même ennuyé; ses parents ne semblaient pas être de très haute estime dans son esprit, de même qu'elle ne semblait pas du tout impressionnée par leur travail... Qui était, en fait, très sensationnel pour quelqu'un de normal! Pourtant, au lieu d'être à Manhattan ou une autre grosse ville des États-Unis où les Stars étaient, elle était dans un pensionnat quelque peu renommé d'un endroit perdu...

(C'est tellement bizarre que j'comprends pas :s)

Prenant son sac et le déposant à côté de la porte, refermant celle-ci au passage, Maria se dirigea ensuite vers la commode où était rangée, dans un tout petit tiroir, la manette de la télévision. Elle l'ouvrit et c'était le poste des nouvelles locales où elle put clairement entendre -et non voir- la scène où elle était, le soir d'avant, avec le cadavre pendu à l'arbre, ce cadavre mutilé sans bon sens qu'on ne voyait pas... Mais on voyait très bien la corde et on entendait très bien le journaliste décrire sans scrupule les lacérations découvertes sur le corps. Les deux surveillants qui étaient là avec elle commencèrent à parler lorsque la jeune aveugle ferma la télévision. Elle était blême comme un drap et avait commencé à trembler un tout petit peu. Elle ouvrit le tiroir d'où elle venait de prendre la manette et la replaça avec vitesse pour ensuite se tourner de bord et s'accoter sur le meuble pour s'y soutenir. Visiblement, les nouvelles l'avaient troublée!

Ryuzaki put sentir que le meuble tremblait un peu sous la poigne de fer de Maria; ses jointures étaient blanches parce qu'elle forçait pour se tenir et pour essayer de s'arrêter de trembler, ce qui ne résultait en rien puisque plus elle forçait, plus elle faisait trembler le meuble! Quand "L" posa sa question, Maria prit une profonde inspiration et presque toute marque d'anxiété disparut de son corps; quel contrôle sur elle-même!

"Non, je ne connaissais pas du tout cette personne. Je ne l'ai jamais croisée... Avant hier. J'étais là, à sa découverte. C'est le deuxième meurtre sur le terrain de l'école. Je ne veux pas savoir si c'était quelqu'un de l'école, je ne veux plus rien entendre sur ce sujet. Les nouvelles, j'aime les entendre, sauf quand ce sont des mauvaises nouvelles que je connais déjà. Les réécouter ne font que me mettre dans tous mes états encore une fois... C'est là que je me suis fait ma bosse que j'ai sur le front..."

L'aveugle releva, en inspirant encore un bon coup, une mèche de sa frange de son front, dévoilant une énorme bosse violacée, à moitié cachée en dessous d'un fond de teint mal mis... Elle était quand même aveugle! C'était quand même grave, comme blessure, mais elle ne semblait pas trop préoccupée par son sort; elle sortit une crème et un fond de teint de son sac à main pour en rappliquer; c'était une prescription du médecin, donc tout était sous contrôle!

Maria se détacha du bureau et prit ses effets scolaires qui étaient au sol, à côté de la porte toujours ouverte. On pouvait voir d'autres jeunes de bonne famille passer dans le corridor, marchant comme s'ils étaient les rois du monde. C'était les deux mêmes que Maria avait croisé en compagnie d'Edward, ceux qui s'étaient moqués de lui. Elle n'en fit rien, même si elle avait reconnu leur voix. Elle se planta à la porte, sachant qu'il lui restait un moment avant que son cours commence.

"Je prenais une marche accompagnée hier, sans Mirlo. Nous nous sommes mis à courir parce qu'un surveillant était proche, je crois, ou quelque chose du genre. La surveillance était haute puisqu'il y avait eu un meurtre sur le terrain de l'école, avant celui d'hier. Je me suis prise dans une racine ou quelque chose du genre et me suis cognée contre un arbre."

Attendant que Ryuzaki la suive vers l'extérieur de la pièce, le chien guide partit se coucher dans le fond de la pièce, dans son lit douillet, Maria se remit un peu de crème et ensuite du fond de teint, avec maladresse!

Maria fût surprise que Ryuzaki lui essuie le front, causant un élancement de douleur en même temps. Elle ne recula pas, sachant qu'il voulait faire cela pour son bien. De toute manière, elle n'aimait pas le maquillage et se maquillait que pour l'apparence, comme lui avait si bien appris sa mère... Une des seules choses qu'elle lui avait appris d'elle-même! Elle ferma la porte de sa chambre et la verrouilla, laissant son chien à l'intérieur.

"C'est toi qui vois... Mais tu ne sais pas où est mon cours!"

La jeune aveugle rit faiblement de ses deux jeux de mots, souriant en même temps à son compagnon de marche. Elle attendit de voir sa réaction, aucunement gênée d'avoir rit de ses propres blagues que, sûrement, seulement elle comprenait du premier abord.

Maria lui sourit et le rejoignit. Au moins il avait compris sa blague nulle! Elle sentait le sourire tirer sur sa voix donc elle savait qu'il la trouvait quelque peu drôle! On s'habituait, à la longue, à découvrir les traits faciaux ou l'humeur des gens facilement par leur voix, quand on ne pouvait voir leur réaction!

"Local 436. Tu sais où il est? J'ai pas encore été au quatrième étage... C'est juste les cours du cégep et de l'université qui sont là!"

Du quatrième au dernier (sixième) étage, c'était seulement des cours d'études supérieures; cégep et Université. Puisque l'école ne venait que commencer, elle n'avait pas encore eu de cours de philosophie. C'était aujourd'hui qu'elle allait découvrir ce que c'était!

Maria lui sourit aucunement dérangée par le suçon qui s'était implanté dans la bouche de son interlocuteur lorsqu'il se mit à parler. Elle le suivit sans rien dire jusqu'à ce qu'ils aient montés au premier étage, là, elle dirigea son regard vide vers Ryuzaki.

"Au fait, tu n'avais pas un cours, toi aussi, cet après-midi? Pas que je n'aime pas ta compagnie, mais je ne voudrais pas que tu sois en retard non plus à ton cours tout simplement parce que tu me raccompagnes."

Ironiquement, Maria avançait très facilement sans chien-guide ni même un bâton pour sentir où elle allait! Même lorsqu'elle était rendue aux escaliers, elle les gravit sans forcer plus qu'un humain qui monte des marches! Elle était pourtant très aveugle...